Ma sirène de femme et le jardinier

Ceci est le récit vrai de ce qui s’est passé un après-midi de juillet 2008, chez nous, dans notre jardin tranquille de basse Normandie, au bord et dans la piscine.

Ma femme Marion, piquante et petite blonde, entretient un corps de rêve en pratiquant une natation de quasi professionnelle. Plusieurs heures par jour. Souvent, mari voyeur, je me poste derrière la vitre de la chambre-pignon qui surplombe le bassin et reste là, mari frileusement amoureux de sa petite femme, à la contempler glisser dans l’onde.

Il faut dire que cette piscine en a déjà vu de belles, car Marion et moi sommes un couple très uni, certes, mais très libertin aussi. Nous « pratiquons » depuis plus de dix ans. Majoritairement en trio avec des hommes triés sur le volet par mes soins et qui viennent régulièrement baiser ma petite Marion et apaiser ses appétits que l’âge a curieusement aiguisés et que mon âge à moi ne peut plus satisfaire. Quelques-unes de ces orgies se déroulent ici. Dans et autour de notre piscine. Bassin ludique pour tout le monde. Petits, grands et même… adultes.

Ce jour-là Marion alignait les longueurs avec l’application et la constance qu’elle apporte à cet exercice chaque jour, chaque matin et chaque soir. Toute bronzée, elle menait son petit corps au rythme impeccable d’une nage crawlée, lisse et silencieuse. Vêtue de ses seules lunettes de nage et de son bonnet de bain. Une longueur crawlée, la suivante sur le dos et ainsi de suite. Bien que spectateur de longue date de ces réjouissants passages, je notais une fois encore que les longueurs dos avaient nettement plus de saveur que les autres. Encore que… À choisir entre son dos, ses fesses, ses jambes, filant en surface sous une mince lame d’eau noyée de soleil… ou les autres longueurs, seins, ventre et naissance des cuisses ne dissimulant pas son petit sexe nu, je n’aie jamais pu me décider.

Il est presque 16 h ce beau jeudi de juillet et j’émerge à peine d’une sieste crapuleuse quand je réalise qu’aujourd’hui les choses ne vont pas se dérouler comme j’en ai l’habitude. Cette fois, tout va aller bien différemment. Mon petit bout de femme (elle triche sur son passeport avec 1m50 !), blonde et toujours gaie comme un petit enfant, est bien loin de se douter de ce qui se trame dans l’ombre des fourrés qui l’environnent.

Et, de fait, dans la partie haute du jardin, au-dessus de la piscine, masqué par un gros chêne et un bouleau à triple tige, il me semble voir comme un mouvement, une ombre, une présence. Quelque chose d’insolite, là-bas entre le tas de compost et le pin de Weymouth qui a tant de mal à se développer à l’ombre de ses grands voisins.

Après quelques minutes, immobile derrière la vitre, je distingue une silhouette qui se déplace très lentement le long de la haie de thuyas, vers les petits buissons en hauteur, à une vingtaine de mètres de la margelle, pas plus. On s’introduit chez nous. On semble même vouloir partager mon spectacle favori. Nous n’avons jamais clôturé cette partie du jardin (pas plus que les autres d’ailleurs) et il n’est pas très compliqué, depuis la route, de se glisser dans la haie et de se retrouver incognito dans cette partie de la propriété que nous négligeons depuis quelque temps, je l’avoue.

Zone ombragée avec vue imprenable sur la piscine et les nageuses qui s’y produisent en tenue légère. Une première assurément. Me voilà tout émoustillé à l’idée qu’un aventurier du voyeurisme ait réussi son coup et vienne se rincer l’œil incognito. Pas tout à fait incognito d’ailleurs. À vrai dire, Marion est très exhibitionniste et cela ne la dérangerait pas du tout de se savoir observée à poil dans ses longueurs.

Mais la situation est un peu différente. Elle ne sait pas qu’il est là et lui ne sait pas que je suis ici.

On verra par la suite que ce schéma, pour simple que je l’expose, n’est pas tout à fait exact. La silhouette a progressivement rejoint le deuxième buisson et se dissimule encore dans l’ombre et les feuillages, à moins de dix mètres du bord de l’eau. Je distingue assez mal, mais je sais maintenant qu’il s’agit certainement d’un homme assez jeune, gauche dans son déplacement, un peu raide dans la façon de se dissimuler, immobile maintenant, à l’affût.

Profitant de ce petit temps mort, je cours chercher des jumelles et découvre bientôt que notre aventurier tapi derrière son buisson n’est autre que Lucien, notre nouveau jardinier.

Le garçon, la petite trentaine, gentil mais pas malin-malin. À vrai dire du genre un peu limite qui doit en avoir plus au sud qu’au nord. Marion et moi n’avons jamais considéré cet athlète des campagnes que sous l’angle du gars simple et musclé. Sous l’angle de sa « fonctionnalité » pour être franc. Un type qui vous creuse un trou comme on allume une cigarette et basta…

À ce moment précis où se situe l’action, mon jugement se modifie sensiblement et j’envisage l’individu en tant qu’être sexué. Cette force de la nature, brut de brut, possède néanmoins tous les attributs de son espèce. Libido comprise. La suite va nous apprendre que la nature commet quelques écarts parfois. C’est tombé sur lui. Le bougre ne le sait ni ne le saura jamais. Mais nous, nous allons être témoins du formidable coup de pouce que ce garçon a reçu du hasard et des non moins formidables prouesses sexuelles que le sort a bien voulu mettre à sa disposition.

L’ami Lucien est donc en position de voyeur et reluque ma femme Marion qui nage à poil dans l’eau tiède, à moins de dix mètres de son jardinier. Sous mes yeux, sans qu’aucun des deux ne se doute de ma présence. Un vrai bonheur pour moi. Ma position surplombant la piscine et le bosquet de Lucien me permet de voir les deux à la fois.

Marion poursuit ses inlassables longueurs avec l’application du devoir à accomplir jusqu’au moment où, bien essoufflée, elle arrête la machine et fait la planche. Comment pourrait-elle deviner la formidable décharge d’adrénaline qu’elle provoque sous les branches ? Son petit corps à la renverse, tout détendu au fil de l’eau. Ses petits seins qui viennent comme respirer à la surface, les pointes en mines de crayons qui dessinent au fil de l’eau d’innocentes arabesques. Le sexe nu épilé, libre et, tour à tour, crevant la surface pour s’enfouir et ressurgir de la pellicule d’eau qui s’obstine à le cajoler sous nos yeux.

Certes la scène n’a rien de bien érotique en réalité. Son naturel, dans cet environnement bucolique, incite davantage au rêve et à la poésie plutôt qu’à je ne sais quelle excitation. Mais les évènements produisent leurs effets de façon très variable sur nous autres, selon notre âge, notre humeur ou notre sexe. Apparemment notre ami voyeur juge la poésie des lieux et du spectacle avec des yeux beaucoup moins sereins. Le garçon ne se contrôle plus très bien et, de mon perchoir, je le vois agrippé aux branches basses du bouleau, la bouche entrouverte et les jambes légèrement fléchies. Il me semble même observer une légère ondulation des hanches. Comme les prémices d’une longue et lancinante agitation qui voudrait s’emparer du jeune homme pour un très long moment et qui va le conduire peut-être à des attitudes et des comportements qu’il ne maîtrisera pas.

Mon intuition ne m’a pas trompé. Lucien, les yeux fixes, regard soudé à la piscine et à ma sirène de femme, tel un automate, dégrafe lentement les boutons de sa chemise. Plus exactement les arrache en force, un par un comme avec une lente violence quasi programmée. Celui du col pour commencer. Les suivants sautent facilement. Aucun ne résiste aux doigts puissants rompus aux tâches les plus rudes. L’animal est doué d’autant de force qu’il a peu de neurones. Il jette sa chemise de toile épaisse, laissant à nu un torse sec et musclé, se débarrasse avec la même tranquille obstination du reste de ses vêtements.

Comme en état d’hypnose, sous contrôle d’un mystérieux gourou, quelque esprit dissimulé dans les frondaisons alentour, et, désormais totalement nu, Lucien reprend sa position de singe, agrippé aux branches basses du bouleau, les jambes légèrement fléchies. Son sexe raide, vertical et parallèle au ventre, vient tutoyer son nombril. Les ondulations du bassin reprennent. Esquissées puis plus marquées, elles donnent le branle à ce sexe aux proportions maintenant phénoménales. Colonne de chair triomphante, véritable pied de nez de la nature facétieuse et frivole. Bien de ceux qui humilient cet homme de peu quand ils l’ont sous leur dépendance rêveraient d’en avoir une accrochée à leur bas-ventre, fut-ce du quart de celle-ci.

Ce garçon est-il seulement conscient du cadeau que lui ont fait les fées à sa naissance en le dotant d’un pareil outil ? Mais le primate ne se soucie pas de son état intéressant. Tout au spectacle qui lui vaut cette érection de concours, il ne se soucie pas non plus du voyeur aux jumelles que je suis et qui braque maintenant la binoculaire sur cette verge phénoménale qui gonfle encore et encore, gourdin gorgé de sang, lourd et sauvage.

Et puis, nouvelle surprise. Sous mes yeux ahuris, la monstrueuse matraque, raide, qui se balance, plantée bien à la verticale au carrefour des cuisses, brille soudain à son extrémité, comme si le gland qui la couronne se nappait d’un vernis transparent. Mise au point de mes jumelles. Je dois me rendre à l’évidence. La bite plantée droit, enracinée au bas du ventre de cet idiot de village dégorge doucement une liqueur translucide, par petites vagues successives, régulières et qui, comme la lave d’un volcan qui se réveille, débordent le méat, roulent sur le gland enflé et ruissellent le long de la tige bandée aux veines bleues bien apparentes maintenant.

Le demeuré libère inconsciemment les prémices de sa semence, sans même se caresser, à la seule vue d’une femme nue dans une piscine. Pas d’éjaculation pour le moment. Une émission sourde et régulière d’un liquide cristallin annonciateur de giclées plus consistantes et plus vigoureuses. Son sexe distendu s’est mué en un obscène bec verseur, tout brillant de ses débordements… Alors, le gol s’agrippe plus fort à ses branches et, la bouche mi-ouverte, le rouge lui monte brusquement à la face. Le voilà cramoisi comme en proie à une violente émotion qu’il ne contrôle plus.

Un rapide coup d’œil hors jumelles et je comprends tout. C’est Marion qui vient de sortir de l’eau et se sèche sur la plage de bois qui entoure notre piscine à quelques mètres à peine désormais de son voyeur de jardinier. La belle et douce personne s’essuie méticuleusement. La serviette éponge passe et repasse sur toute la surface d’une peau dont nous sommes quelques-uns à apprécier la douceur et la chaleur soyeuse. Un œil dehors, un œil dans les jumelles, je les observe tous les deux en parallèle.

Lui, nu, bandé, les yeux lui sortant de la tête. Elle, nue, souple et tranquille sous les caresses de sa serviette. C’est quand elle a écarté les cuisses, un peu en équilibre sur une jambe, et s’est essuyé le sexe que la première salve est partie. Le costaud des jardins se lâche maintenant, à la vue de ce sexe de femme frotté, séché, et de ces cuisses offertes, presque à portée de ses mains. Ce sont maintenant de beaux et longs jets qui fusent de sa lance, amples, à la fois lourds et aériens. Les copieuses giclées de sperme montent et culbutent dans l’espace en loopings généreux. La matière est abondante. D’une blancheur irréprochable. Notre crétin des Alpes n’éjacule pas mesquin. Il faut au moins lui accorder cela. Le produit de ses glandes débordantes inonde l’herbe. Une bonne dizaine de traînées claires zèbrent la pelouse tondue ras de la veille.

Le bougre avait les couilles chargées à bloc. Réservoirs pleins, lance en batterie. La machine enclenche et fonctionne à merveille. Une véritable pompe se met en marche, sans demander son avis ni à l’entourage ni à son propriétaire. Celui-ci se trouve délesté d’une cargaison conséquente de semence. On pourrait même penser que les cales sont vides désormais et qu’il devra s’écouler un bon moment avant que le jeune paysan ne puisse les reremplir, que le flamboyant périscope va être rappelé en cabine et que tout ce petit monde va maintenant rentrer dans le rang et se faire discret.

Grossière erreur. Très grossière erreur comme la suite va nous le montrer. Le singe est donc toujours suspendu à ses branches. Torse sec et musculeux, jambes mi-fléchies et contractées dans une position provocante. Il exhibe et pousse devant lui une verge tendue qu’un fil d’araignée translucide relie au sol. Regard fixe, bouche ouverte. Il n’a pas l’air bien finaud, notre voyeur de piscine privée, avec son air de laboureur et son teint de bûcheron, avec sa bestiale obstination et ses manières téléguidées, prévisibles et inquiétantes à la fois. Que va-t-il lui passer par la tête à présent ? Toujours est-il que son formidable gourdin ne donne aucun signe de relâchement et se tient toujours bien droit, raide et arrogant le long de ses abdominaux.

Dans le même temps, Marion s’est séchée et puis, bien installée sur un matelas-soleil, sur les planches de bois qui bordent notre piscine, expose son petit corps de rêve aux spectateurs privilégiés. Lunettes de soleil, bouquin. La voici partie pour un autre monde. Quelque roman anglais probablement qui va la transporter dans une Angleterre romantique du XIXe, bien loin des assiduités de son jardinier. Erreur, grossière erreur encore une fois.

Derrière ma fenêtre à double vitrage, je n’entends rien bien sûr, mais je vois, grandeur et loupe avec mes jumelles. Je vois les branches flotter sous le vent et ne les entends pas. Comme je la voyais brasser l’eau dans ses longueurs et ne l’entendais pas. Je vois maintenant, dans le même silence artificiel, le jeune mâle, précédé de son phénoménal étendard, sortir de l’ombre et descendre vers le bassin sans plus prendre garde à ne pas se faire surprendre. Il progresse, nu sur les planches, et vient se planter devant elle.

Provocation ou inconscience ? Certainement les deux. Je n’entends pas ce qu’ils se disent et je ne le saurai jamais. Ce dont je suis sûr, parce que, derrière ma vitre, moins de dix mètres me séparent de l’improbable couple, c’est que les choses n’ont pas traîné. Aux mouvements des lèvres, je devine qu’il articule un bonjour laborieux. Marion, que rien ne déstabilise jamais, prend un air très légèrement surpris, pour la forme. Elle doit dire quelque chose comme « mais que faites-vous là, Lucien, dans une tenue pareille ? En voilà une idée ! »

Rien ne déstabilise Marion, c’est vrai. Mais cette fois la surprise était tout de même de taille. Surtout lorsque la pistonnerie de l’hypersexué, aiguillonnée par la proximité d’une femme allongée nue, s’est remise en branle. Lorsque, sans que rien ni personne n’y touche, le monstre a lancé de nouvelles torpilles. Certaines atterrissant dans l’eau, d’autres allant s’écraser sur les planches, plusieurs toutes proches de Marion que ce spectacle semble sidérer et amuser à la fois. Le bonhomme semble inépuisable. La suite nous révèlera qu’il possède des capacités de foutre véritablement hors-norme.

Pour l’heure, Marion est au spectacle. Cette volumineuse verge gorgée, tendue, dressée et pointée sur les nuages, comme en prière, tendue vers le Créateur, ravit Marion manifestement. Cette grande amatrice de sexes masculins est également très attirée par les beaux braquemarts qui passent à sa portée. Je l’ai même vue s’intéresser de près aux organes des étalons, en visite dans quelque haras normand.

Avec une absence totale de pudeur, je la revois, sans que la présence des autres visiteurs ne la gène le moins du monde, se positionner derrière un papa percheron tranquille dans son box et se pencher pour mieux apprécier les formes et les volumes. Elle aime les génitaux masculins et ne s’en cache pas. Souvent je le lui dis. Cela fait maintenant un bon moment qu’elle ne le nie plus. « Ah oui, j’aime bien ! » concède-t-elle avec son fameux petit air de ne pas y toucher.

Là, maintenant, à cet instant, elle y touche bel et bien. La dernière salve lâchée, Marion se ressaisit et se dresse, debout face à la bête pour… agripper à pleine paume la queue du crétin sans que celui-ci ne fasse quoi que ce soit pour échapper à sa prise. Les doigts crispés sur la tige comme les petites pattes d’un oiseau sur la branche. La branche est belle et solide. Les doigts n’en font évidemment pas le tour. Comme pour affirmer leur présence face à ce tube de chair frémissant qui les défie, les phalanges se crispent et tentent désespérément d’étrangler le pieu vivant à l’œil de cyclope.

Las pour les courageux petits serviteurs, loin de réduire la cylindrique machine, voilà qu’ils la relancent dans son inlassable et prodigieuse activité. Telle une locomotive à vapeur, poussée par son chauffeur, qui met en branle ses pistons et ses bielles, engloutit le charbon, expulse la vapeur et s’arrache sous son panache de fumée, la bite de Lucien se réactive au moment où Marion se penchait pour tenter de la prendre en bouche, bien convaincue de ce que l’éjaculation précédente lui laissait quelque répit.

Erreur, grossière erreur une fois de plus. Ni Marion ni moi n’avons encore réalisé en présence de quel phénomène nous sommes. Le gars Lucien n’est comme aucun de tous les mâles que nous avons reçus ici. Pas un ne présentait ni les mesures ni les réserves de ce garçon. Et pourtant, Dieu sait avec quelle application je les sélectionne et les choisis avant de les glisser dans nos draps et les laisser gaver ma femme de leurs sexes et de leur semence dont elle raffole ! Aucun ne peut décharger coup sur coup de telles quantités hors de lui-même, puiser dans des réservoirs sans fond et se répandre à répétition sans même qu’on ne le suce ni ne le touche.

Elle devra s’en persuader définitivement. Et cette fois, quand, penchée sur la bête, lèvres prêtes à s’en saisir comme elle le fait si volontiers avec tous ses amants avant de se laisser enfiler de leurs queues bien préparées, elle reçoit en pleine face le premier jet d’une nouvelle série. Le liquide s’écrase sur son front, rebondit et éclate en auréole dans la lumière autour d’elle. Par réflexe Marion ferme les yeux tout en saisissant la lance à deux mains pour la diriger plus bas. Les vagues suivantes s’acharnent sur la base du cou et les seins. Ces paquets de foutre se ruent tout en violence à l’assaut du petit buste qui brille et ruisselle désormais.

Grande marée. Pour la troisième fois en moins d’une demi-heure, le bâtard monté comme un âne a balancé la sauce, sans mesure, sans compter. Comme si la réserve de ses sucs intimes était sans limites ou que la nature avait doté notre imbécile heureux d’une capacité de fabrication intérieure continue. Unique ! La bordée temporise enfin. Le canonnier planté là, les bras le long du corps, nu, raide et dégouttant d’une liqueur finissante et verticale, fixe la femelle de son regard de zombie et contemple, inerte et stupide la poitrine vernie de la semence dont il vient de l’asperger. Marion le regarde aussi, prononce quelques mots que le double vitrage m’empêche d’entendre là où je suis. Puis, dans un éclat de rire, elle saisit Lucien par la main, l’entraîne, et, tous deux sautent dans l’eau. Je cours chercher le Canon. J’aurais dû y penser depuis longtemps.

À mon retour, je les retrouve immergés, agrippés l’un à l’autre, immobiles, tendus, cramoisis. Dans le temps où je suis allé jusqu’au bureau pour y prendre l’appareil, la situation a carrément évolué. Sans le moindre doute ces deux-là sont fichés soudés l’un à l’autre. Embrochés jusqu’à la garde. En moins de cinq minutes, le mâle, jusque-là figé, statue au présentez-arme, a recouvré mobilité et initiative. Probablement dans la hâte et avec une impatiente violence, a-t-il saisi la petite Marion de ses bras puissants, l’a-t-il tournée et retournée jusqu’à ce que son sexe soit en ligne et l’a-t-il ajustée puis perforée sans ménagement ni douceur. La bite au fond, il aura écrasé la femme contre lui tel un forcené. Pour ne pas ressortir d’elle. Pour décharger aussitôt. Puis encore. Encore et encore bien au fond de ce sexe de femme tout chaud et bien serré. De ce sexe de femme dont il rêve depuis des semaines. Depuis des mois.

Pour l’heure, Canon en main, je les vois soudés l’un à l’autre, face à face, dans un coin du petit bassin. Elle, prisonnière de l’étau de ses mains redoutables de travailleur. Une grosse main, doigts étalés sur ses fesses, capture tout le bas et ne laisse aucune chance de fuite… L’autre presse sa nuque et l’oblige à enfouir le visage au creux de son épaule à lui. Comprimée, écrasée, ligotée comme un petit animal piégé qui attend immobile et frissonnant ce qui va advenir, incapable de bouger, à peine de respirer, Marion subit la sauvage étreinte.

Étouffée, mais pleine du sexe de l’autre. Pas le moindre doute là-dessus. Le couple est immobile dans l’eau. Presque immobile. De là où je suis, je peux distinguer un très léger mouvement de va-et-vient. Notre Lucien, pine immergée, gland abuté au fond du vagin, s’écrase à petits coups dans la matrice qui l’accueille et qui doit recevoir en continu le sperme inépuisable. Obscènes ondulations qui sont comme les indications de ce qui se passe à l’intérieur. À l’intérieur du ventre de Marion. Au creux de sa chatte pleine d’une queue large raide et impérieuse. Gavée des vagues qui déferlent les unes après les autres au plus chaud de sa matrice.

Cette formidable baise entre un homme et une femme, tous deux quasiment immobiles, produit une impression presque dramatique. Deux corps soudés désespérément l’un à l’autre par une formidable nécessité. Deux corps incapables de se décoller. Verrouillés par l’angoisse de se perdre. Lui, la tient en tenaille sans lui laisser un millimètre de liberté. Elle, a planté ses griffes dans le dos du jardinier et s’agrippe comme un petit mammifère obstiné. Les imperceptibles ondulations qui traversent leurs étreintes les balancent un moment, cessent tout à fait puis reprennent inlassablement. À chaque pose, leurs visages se crispent et s’empourprent, leurs muscles se tendent un peu plus.

Puis le très léger balancement reprend jusqu’à… la prochaine pose, le prochain orgasme de Marion, la prochaine éjaculation du jardinier. À imaginer ce chapelet de jouissances sous-marines, j’ai les jambes un peu molles et me sens de plus en plus à l’étroit dans mes vêtements. Voilà trois fois qu’ils s’écrasent l’un contre l’autre à s’en étouffer, trois fois que leurs balancements obscènes s’interrompent, trois fois que, comme dans un film muet, je vois leurs bouches se tordre, leurs visages défigurés lancer des cris sans son, trois fois qu’il se vide en elle, trois fois qu’elle l’aspire, l’avale, l’engloutit. Ils ne savent plus où ils sont, ils ne savent plus ce qu’ils font. À croire que je vais devoir descendre de mon perchoir pour les séparer. À coup de bâton peut-être…

Sans rire, je commence à m’inquiéter pour ma petite Marion prise au piège d’un véritable maelstrom. L’œil du cyclone ne se déplace pas cette fois et reste bloqué sur ma petite femme. Tsunami permanent. Elle jouit encore et encore. Il plonge, plante, élargit et se vide en d’interminables giclées. Je n’y tiens plus. Il faut que j’aille délivrer ce petit corps de son bourreau. Je m’apprête à sortir quand l’improbable se produit. Après dix ou douze assauts de rang, je ne les ai pas comptés, mais il y en eut sans doute plus, tout s’arrête, tout s’effondre. Le corps du puissant mâle se détache de celui de la petite femelle blonde. Leurs têtes se courbent sur leurs poitrines. Les deux combattants lâchent prise de conserve. La baise est terminée.

Marion reprend vite ses esprits et cette méchante petite personne reprend aussitôt son rôle de patronne. D’un geste autoritaire et définitif, elle désigne une plate-bande. Lucien sort de l’eau et se dirige vers ses vêtements. Marion l’arrête d’un geste tout aussi autoritaire. Quelques instants plus tard, Marion a repris son bouquin. Allongée sur la plage, calme et détendue. À dix mètres de là, arcbouté sur sa bêche, Lucien a repris le boulot. À poil et déjà luisant de sueur. Marion ne peut pas voir ce que je vois. La verge du jardinier se réveille. L’après-midi n’est pas terminé.

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